Au fil des quatre derniers mois, nous avons profité de la Pleine Lune pour présenter la planète qui correspondait à chaque signe qu’elle visitait : Scorpion, Sagittaire, Capricorne et Verseau – symbolisant respectivement Pluton, Jupiter, Saturne et Uranus. A l’occasion de cette Rentrée pas comme les autres, il nous reste à lever le voile de Neptune, la planète qui gouverne le signe des Poissons. Nous aurons ainsi fait connaissance avec les cinq planètes transpersonnelles – les deux planètes sociales : Jupiter et Saturne, puis les trois planètes générationnelles : Uranus, Neptune et Pluton. (1)
Des cinq archétypes symbolisés par ces figures mythologiques, Neptune est probablement le plus difficile à cerner et à intégrer de manière consciente. Comment plonger dans les abysses de l’Océan que cette jolie planète bleue représente ? Comment ne pas se perdre dans ses dimensions transcendantales de la vie qu’elle symbolise, comme la quête spirituelle, l’imagination débridée ainsi que la soif d’Idéal et de perfection?
Neptune gouverne cette part invisible de l’expérience au delà des mécanismes tangibles qui en seraient la cause. C’est le flou artistique, les illusions et les déceptions, la quête d’un ailleurs meilleur – c’est aussi la confusion et la paranoïa – entre autres expressions de ses qualités multidimensionnelles et dichotomiques.
Neptune symbolise une relation particulière entre la conscientisation et les profondeurs océaniques de l’inconscient, par exemple dans le domaine des rêves, des visions, des images et de leurs interprétations. Neptune gouverne les mythes et les religions, la poésie et les arts, l’inspiration et l’aspiration. C’est l’archétype du divin, de l’ineffable, du sacré et du mystérieux. Son domaine privilégié est l’objectif plutôt que l’objet, le symbolique plutôt que le littéral. (3)
Officiellement localisée en 1846, Neptune évoque le Siècle Romantique qui s’élève contre le dessèchement du rationalisme et de la pensée analytique prônés par les Lumières d’un XVIIIè siècle qui correspondait à la découverte d’Uranus.
La planète Neptune met 165 ans pour accomplir sa course autour du Soleil et passe environ 12 ans dans chaque signe du zodiaque. Elle est en train d’achever son grand tour commencé dans le signe du Bélier en 1862 pour terminer sa ronde dans son signe des Poissons – dernier signe du zodiaque, où elle séjournera de 2012 à 2024.
Le passage des planètes transpersonnelles – Uranus, Neptune et Pluton – dans chaque signe du zodiaque est utilisé comme marqueur générationnel, de même que leurs associations temporaires. En retenant les coïncidences les plus signifiantes entre les caractéristiques de chaque archétype et les transformations qui sont inhérentes à l’évolution du monde, il est possible de distinguer leurs signatures sur les générations qui se suivent et ne se ressemblent pas.
Face à Neptune, alias Poséidon, le dieu des Océans et des abysses sous-marines, nous n’avons pas d’alternative si ce n’est d’accepter l’impact transformateur de la dissolution. L’élément Eau a le pouvoir d’éviter les obstacles en contournant les rocs mais l’eau a aussi le pouvoir d’éroder ceux-ci petit à petit. Chaque génération offre des solutions aux saccages causés par les générations précédentes puis elles laissent à leur tour de nouveaux défis à relever par les générations futures. ‘Rien n’est parfait mais c’est parfait’ est une affirmation qui permet de vivre, chemin faisant, avec l’idéalisme et les attentes mirifiques propres à Neptune.
Aperçu astrologique : Neptune conjoint à la Pleine Lune en Poissons
Profitons de ce moment de prise de conscience offert par la Pleine Lune en Poissons pour tenter de comprendre le rôle que joue Neptune dans la crise sanitaire actuelle.
Au risque de simplifier une situation qui est loin d’être limpide, nous sommes face à un sextile – un aspect harmonieux – entre Neptune et le trio covid-19 de Pluton-Saturne-Jupiter en Capricorne, n’indiquant a priori aucun tsunami dévastateur mais plutôt une éventuelle lame de fond qui pourrait préparer à imaginer une perception différente du coronavirus grâce à la formation de groupes d’investigation nettement plus larges que les quelques experts sanitaires actuellement en place. Uranus, l’archétype de l’émancipation et de l’inventivité, est en harmonie avec la Pleine Lune et le Soleil.
L’axe Vierge/Poissons et les Maisons 6 et 12 du thème astral de cette Pleine Lune mettent l’accent sur les problèmes de santé, du traitement des maladies et d’organisation du quotidien. Le signe de la Vierge représente le ‘réparateur de ce qui ne fonctionne pas, ou mal’. Analytique à souhait jusque dans les moindres détails, la Vierge aligne les remèdes possibles et invite le signe opposé des Poissons à réaliser une synthèse harmonieuse.
Cette présentation succincte montre le potentiel positif de la situation. Mais, dans la hiérarchie des planètes, Pluton étant le Big Boss de notre association assassine, il n’est pas certain du tout qu’il puise évoquer un ‘partage du pouvoir’ pour passer du mode manipulateur actuel (manipulation par la peur de la mort, rendue plus tangible encore par la conjonction qu’il continue de faire avec Saturne jusqu’au 18 décembre 2020) à son statut positif de Grand Guérisseur offrant, en échange du lâcher-prise indispensable, la possibilité d’une Renaissance, d’un renouveau collectif et personnel tant attendu !
Dans ce deuxième scénario négatif, Neptune pourrait continuer à nous laisser dériver en haute mer, au risque de nous noyer, sans vision d’un port où débarquer sain et sauf. La ‘bienveillance’ du sextile de Neptune contribuerait dès lors à remplir les comptes en banque des quelques profiteurs du trio covid en Capricorne matérialiste, plutôt qu’à bénéficier des qualités salvatrices de Neptune, l’archétype de la compassion, de l’amour du prochain et de la bonté divine. (4)
Sentiment d’impuissance et colère rentrée
Il est rare de constater la position des cinq planètes transpersonnelles se retrouvant exclusivement dans les deux éléments yin, qui s’expriment principalement au niveau du corps (actuellement 4 planètes en Terre – fonction des sensations – et une, Neptune, en Eau – fonction du ressenti).
Les éléments yang – l’élément Air, la fonction intellectuelle, et le Feu, la fonction intuitive, qui s’expriment principalement au niveau du cerveau – sont totalement absents de la scène pour le moment !Les planètes personnelles – Lune, Soleil, Mercure, Vénus et Mars – qui représentent la manière unique dont chaque individu fait face à la vie, sont privées de l’impetus des éléments yang expansifs et dynamiques, depuis l’attroupement dans les éléments yin, passifs et prudents, des cinq grandes pointures du zodiaque. Cette situation plutôt rare s’étend de début décembre 2019 à fin décembre 2020. Elle coïncide avec cette ‘distanciation sociale’ obligée, accompagnée d’un repli sur soi et d’une éventuelle introversion.
Lumière à l’horizon…
Dès la fin du mois de septembre, les deux planètes sociales – Jupiter et Saturne – passeront en motion directe en délaissant le signe conservateur et matérialiste du Capricorne (Saturne/Terre) pour cheminer vers le signe innovateur et intellectuel du Verseau (Uranus/Air) où elles entreront fin décembre. Enfin de l’Air ! Jupiter y passera l’année 2021 et Saturne y restera jusqu’en mars 2023 pour préparer la fameuse entrée de Pluton en Verseau. On peut s’attendre à quelques envolées à l’horizon. Faisons en sorte que l’écho du message ‘Liberté, Égalité, Fraternité’ qui accompagnait la découverte d’Uranus, révolutionne nos esprits et ouvre nos cœurs à une solidarité planétaire qui coïnciderait avec l’entrée de Pluton en Verseau (24 mars 2023) et celle de Neptune en Bélier (31 mars 2025) au commencement de sa nouvelle ronde de 165 ans autour du Soleil. Mais nous n’en sommes pas encore là et la manière dont nous arriverons à un nouvel équilibre de notre Planète va dépendre des nouvelles idées qui relieraient individu et société, éclairées par le trait d’union de Jupiter et Saturne.
Comment intégrer Neptune dans notre vie ?
Autant poser la question : ‘Comment mettre l’océan dans une bouteille ?’ car Neptune a besoin d’un container pour ne pas inonder la vie d’attentes à jamais insatisfaites par leur démesure et leurs fluctuations…
Le symbolisme des eaux océaniques dont toute vie procède évoque la matrice maternelle, la source physique de notre vie. Même si Neptune est représenté par un dieu mâle dans la culture gréco-romaine, en temps que divinité liée à l’élément Eau, son symbolisme archétypal est féminin. Il est associé à l’univers yin et réceptif du ressenti, des sentiments, de l’amour, de la protection et de l’imagination créative, entre autres expressions de l’étendue extensible et intangible de ses qualités. C’est l’antithèse d’un Saturne qui limite, définit et restreint à une réalité strictement tangible.
Étant difficile à cerner, ce sera la position de Neptune dans le thème natal qui offrira les informations sur la manière d’exprimer au mieux les talents neptuniens plutôt que les dissiper dans la poursuite de chimères.
Une expérience positive de Neptune dans la vie individuelle donnera une place importante à la Beauté sous toutes ses formes et dans tous les domaines possibles. La quête d’harmonie aux niveaux physique, mental et spirituel alimente une source d’inspiration dans la vie privée comme dans la vie publique et professionnelle. La compassion, la bienveillance et l’amour inconditionnel expriment les sentiments les plus admirables de l’humanité. Ils font partie de ce monde idéal rêvé par Neptune.
Pour ne pas tomber dans l’utopie neptunienne et vivre dans la déception et la désillusion d’attentes jamais satisfaites – qui font partie de l’ expression négative de Neptune – il est indispensable de garder un certain détachement et une bonne dose d’humour face à la vie telle qu’elle se déroule.
Les mirages neptuniens abondent, surtout dans le désert d’une vie desséchée par la peur et l’appât du gain. La crédulité fait aussi partie d’une expression négative de Neptune.
Neptune : Extase dionysiaque – Rédemption – La voie du Tao
De brillants esprits scientifiques sont arrivés à répondre à tant de questions que se posait l’Homo Sapiens sur la naissance du monde et les énigmes de l’univers que l’on pourrait se limiter à leurs savantes explications. Chose que les esprits purement rationalistes accepteront sans problèmes.
Mais qu’en est-il de tous les mystères de la vie et de la mort impossibles à élucider de manière logique et rationnelle ? L’invention des mythes depuis l’aube de l’humanité cherchait des réponses à ces questions. Aujourd’hui nous pouvons nous abreuver à différentes sources de Sagesse occidentale et orientale pour choisir les voix et les voies qui nous conviennent.
Le symbole de Neptune contient beaucoup d’images. A chacun de choisir celles qui inspirent le mieux pour embellir sa navigation jusqu’à Ithaque…
L’image neptunienne de Dionysos/Bacchus appartient à la mythologie gréco-romaine. Dionysos est associé à l’instinct d’unité primordiale et à une participation mystique avec la nature et le règne animal. Grâce à l’ivresse, aux hallucinogènes et autres expériences d’altération de la conscience facilitant une immersion complète dans l’inconscient océanique, il est possible de connaître ce sentiment exaltant de faire partie du Grand Tout. Malheureusement, de nos jours, ces rituels dangereux ne sont plus conduits dans les règles strictes de l’Antiquité. Cette soif de retour au sentiment divin de fusion parfaite avec le monde produit son lot de victimes de plus en plus nombreuses, par overdoses d’alcool et de drogues létales.
La quête de rédemption, ou le rachat des péchés commis durant notre vie sur Terre, est l’image chrétienne attachée à Neptune, l’archétype du Christ mort sur la croix pour sauver l’humanité. La notion du péché est inscrite dans les trois religions du Livre. Le rituel d’immersion dans les eaux du baptême chrétien s’inscrit également dans cette image de purification et de rédemption.
Dès le début du XXè siècle, une meilleure connaissance des antiques philosophies orientales se répandait en Occident pour intégrer petit à petit une nouvelle approche de la conscience de l’homme vis-à-vis de lui-même et du monde. (5) Il n’existe pas d’approche de la vie semblable au Tao – c’est-à-dire la Voie, le Chemin – dans nos cultures occidentales. Car aux racines de cette pensée, qui remonte au 6è s. avt. JC, on trouve le principe de polarité yin / yang. On ne peut pas le confondre avec le principe d’opposition entre le bien et le mal qui justifie la pensée occidentale.
Nous retiendrons le concept du wu-wei pour illustrer une façon d’ intégrer l’énergie fluctuante de Neptune, comme l’Eau – et la vie qui en découle. (6)
Wu-wei signifie cette intelligence qui nous incite à nager dans le sens du courant, à surfer sur la vague qui nous porte, sans rien forcer, sans gaspiller notre énergie mais en restant centré sur le maintien de notre équilibre.
Comme l’eau descend grâce à l’effet de gravitation et monte pour trouver une nouvelle issue si elle est endiguée, ainsi le principe taoïste du wu-wei – principe même de la gravitation – invite à réagir naturellement, sans gaspiller nos forces mais en se laissant couler consciemment là où la vie nous porte. Wu-wei est cette forme d’intelligence passive baignant tout l’organisme et tous nos sens reliés à cette sagesse innée qui nous guide. C’est la ‘non-action’ qui accomplit tout ce qui doit être accompli sans rien forcer. L’ego n’a pas de place ici mais bien la maîtrise de soi et la confiance. La résilience aussi. (7)
Inspirés par Neptune, je vous souhaite une belle navigation, où que le vent vous pousse…
Notes
(1) Thème astrologique calculé au 2 septembre 2020, 7h23 à Bruxelles.
Asc 13°35′ Vierge , Soleil 10°12′ Vierge en maison 12 opposé à Lune 10°12′ Poissons en maison 6 conjointe à Neptune 19°48′ Poissons en maison 7. Uranus sextile à la Lune et trigone au Soleil.
Le thème du 13 janvier 2020 : Neptune 16° Poissons sextile au duo Covid-19 Pluton-Saturne à 22° Capricorne – Terre/Eau/yin
(2) Durant ce mois de navigation quotidienne avec Neptune, je me suis arrimée à deux livres qui traitent de ce sujet aussi vaste et profond que les océans qui nous entourent, pour tenter de garder le cap de cette 5ème newsletter 2020 :
Le premier est ‘Visionary Dreamer – Exploring the Astrological Neptune’ de
Haydn Paul (260 pages – Elements Books, 1989)
le deuxième : ‘The Astrological Neptune and the Quest for Redemption’ de Liz Geene – (506 pages – Weiser, NY 1996)
Il n’en existe malheureusement pas de traduction en français à ce jour.
(3) Ma référence en astrologie culturelle reste la somme de Richard Tarnas, ‘Cosmos and Psyche – Intimations of a New World View’ (569 pages – Viking, Penguin Group, 2006) p. 355
(4) Lire ou relire le chapitre sur ‘Neptune : l’archétype de l’Idéalisme’ p.426 dans ‘Écriture Céleste…’
(5) (idem) Lire ou relire le paragraphe sur les trois planètes transpersonnelles et l’Âge Axial, p.405 à 409 pour replacer le Taoïsme et Lao-Tseu dans son époque de révolution de la conscience humaine.
(6) Les livres sur le Tao abondent. Laissez-vous guider par le hasard pour mettre la main sur ceux qui vous conviennent…
Les informations recueillie pour cet article sont glanées dans le livre d’Alan Watts ‘TAO – The Watercourse Way’ qui me semblait coulé de source pour parler de Neptune.
(7) Si vous ne l’avez pas déjà lu, je vous propose un livre de résilience exemplaire, écrit de manière sublime par le romancier, essayiste, journaliste Ahmet Altan : ‘Je ne reverrai plus le monde – Textes de prison’ (Actes Sud – sep 2019)
C’est une ode à Neptune où l’auteur, prisonnier du régime totalitaire turc,
s’en remet à son imagination, à la force des mots qui seule lui permet de survivre et de franchir les murs.
Inspirant !